Je vous avais parlé de défilés à la maison poulagat. On a Clara qu'est venu vider son sac & tout le monde va y passer. Puisque cette histoire a pris jour dans le désordre & qu'elle continue à plein régime, je vais vous sortir les morceaux comme ils me viennent. De toute façon si je suis bordélique, là, je suis comme un gamin de huit piges qui voudrait rentrer dans une grande école.
En vrac, on va avoir tout le monde qui passe devant le curieux. Et comme entre le moment où y en a un qui passe son examen, le moment où c'est dans les feuilles de chou & le jour où on a le résultat, y en a au moins un autre qui est passé : on peut rien avoir dans l'ordre. En plus je parie que les scores vont être nuls. Juste un truc pour vous faire baver d'envie & continuer d'apprendre à nager, on a maintenant : ⁃ Les blouses blanches qui vont se mettre d'accord sur ce qu'y pensent du tas de neurones de la vieille ; ⁃ Une baston entre Pousse Bouton & la gamine ; ⁃ Des descentes de perdreaux à peu près partout ; ⁃ Le flouze qui serait masqué dans le pays de la poudre de lait ; ⁃ Les attaques sur les fuites dans les papiers ; ⁃ Les gueulantes de ceux qui sont pas contents de ce que les autres racontent ; ⁃ ...
Alors je commence par Riri. Il a passé sa journée au poste pour raconter ce qu'y sait. Et y dit ce que je vous avais causé tout à l'heure. C'est pas lui qu'a décidé de rembourser Lilly. Il est pas là pour ça & ses gars, ils ont fait leur turf comme c'est dit dans les bouquins. C'est sûr que ça fait beaucoup, mais si on lui en retourne une liasse c'est qu'elle avait raqué encore plus. Ensuite là où ça le gène un peu plus c'est que sa gonze elle bossait pour Célimène, donc pour Lilly. J'ai dit « bossait » car c'est plus le cas, elle a plaqué la bande à Lilly. C'était y a peut-être que quelques jours, mais elle l'a fait. Donc, on a un ministre, dont l'équipe à renvoyer un gros paquet à la vioque, & sa meuf dont le turf était de faire grossir le pactole. La donzelle est là pour améliorer le tas de grisbi, le mec son truc c'est d'en récupérer un max & y fait le contraire, il en donne. C'est sûr que ça fait bizarre, surtout qu'y paraît que la bande à Lilly a pas tout dit sur l'artiche de la vieille.
Plus ça avance, plus c'est drôle, enfin drôle... c'est plutôt le bordel, & un bordel c'est pas là où on pleure. J'ai beau suivre ça avec les gamins qui gueulent dans la rue, je commence à ne plus savoir laquelle de mes chaussettes est la gauche.
Après tout ce que je vous ai dit, z'êtes d'accord que la presse voit pas les choses comme les condés. La presse elle dit sa vérité & ça l'arrange quand ça gène, les poulets, eux, y doivent trouver la vérité, point barre. On a donc deux clochers qui font péter le tocsin en veux-tu en voilà avec deux blèmes : ⁃ Y sont pas en rythme ; ⁃ Question accord, c'est pas nickel-chrome. ⁃ On se croirait dans une cour d'immeuble le soir de la fête de la zique.
Pour faire simple, je vais vous prendre en exemple le laïus de Clara. Dans ce qu'elle a dit, que les feuilles de chou y répètent, y a un gros poisson à propos de Nico. On peut lire que la vioque elle aurait refilé des pacsons de talbins à Nico depuis qu'y contrôlait des trottoirs de l'autre côté des maréchaux. C'est vrai que question boucan ce genre de discours ça en fait ; même ceux qui pioncent à Orly ils ont pas droit à autant. Vous vous rendez compte ? Le capo di tutti capi qu'aurait ramassé des enveloppes depuis qu'il a eu des poussées d'acné. Pourquoi que Lilly lui aurait pas offert un stylo en jonc pour son premier rôt pendant qu'on y est ? En tout cas c'est ce qui est écrit.
Maintenant, on a la version de ce qu'elle jacte devant les pandores & c'est pas vraiment pareil. On obtient :
— J'ai jamais dit que des enveloppes étaient remises régulièrement à Nico.
C'est ce que j'ai lu dans des canards. Vous me direz que c'est encore de l'encre. D'accord, mais là y disent ce qu'y a dans le rapport de flics. Pour le coup, si y veulent qu'on continue à les lire y vaut mieux qu'y déconnent pas. Franchement, un jour y racontent que Clara dit rouge & tout le monde se met à crier que c'est pas bien qu'y sont tous des méchants, des grinches & qu'y faudrait les coffrer. La semaine suivante les mêmes racontent qu'en fait Clara dit vert. Vous vous y retrouvez vous dans ce sac de papiers ? Moi, je commence à perdre les pédales & je me demande si ce que je dis est vrai. Remarquez, si aujourd'hui je me goure, la semaine prochaine on me dira peut-être « Chapeau ! »
Il faut quand même lire mot à mot sa jactance. Elle cause qu'elle n'a jamais dit que Nico passait « régulièrement ». Attention ! Elle raconte pas qu'y venait jamais, ni qu'y venait toujours, mais qu'y venait. Et on retourne au début où elle raconte qu'elle vidait la pompe à flouze deux fois par mois pour que la daronne ait de quoi se payer quelques babioles, & que mémère elle avait souvent les grands chefs à la maison. On est toujours à la case départ & si y a des tas de biftons d'un côté & du monde qu'en aurait besoin de l'autre ; y a pas de tuyaux entre les deux. Le plombier l'est pas encore passé. Ça, ça gêne tout le monde & quand je dis tout le monde c'est tout le monde. Les baveux qu'ont de l'encre en stock qu'y faudrait écouler, les pandores qui veulent montrer qu'ils ont tout compris, les pékins qui voudraient comprendre le début avant de connaître la fin ; & moi qui veux pas passer pour un con en ayant raconté n'importe quoi.
Avec toutes ces histoires de pognon entre Lilly & la bande à Nico, y en a qui ont levé un joli lièvre. Et c'est drôle que personne n'ait vu ça avant hier.
Le souci c'est que les bandes elles peuvent racketter le voisin, mais pas beaucoup plus qu'un billet de cinq cents par mois. Alors c'est pas beaucoup pour les grosses bandes, parce que si le gars de la rue donne à la quête, y en a pas beaucoup qui peuvent y aller aussi lourd. Et ceux qui veulent filer des plus gros paquets, bin le bouquin dit qu'y peuvent pas. Le problème est donc de trouver un moyen de faire rentrer des billes en dormant pépère.
Ceux qui décident ce qu'on met dans le livre ont eu cette idée pour que les petites bandes elles aient un peu les mêmes chances que les grosses : pas le droit de raquer trop. Comme ça l'épicier qui est plein aux as, s'y veut donner beaucoup à un gros y pourra pas & la petite bande pourra encaisser pareil avec le marchand d'en face qu'a pas les poches aussi pleines.
Pour arriver à ramasser des jolis paquets, les gars ont trouvé une solution toute bête. Chaque bande est limitée, mais elles peuvent se filer des coups de pouce. Je sais pas qui est le premier qu'a mis la main sur le filon, mais soit il est pas bête, soit c'est lui qu'a écrit le bouquin. Bref les chefs de bandes ils ont dit OK à leurs équipes pour qu'elles montent leurs petites affaires. Comme ça le gars de Marseille y peut avoir sa bande & encaisser. Une fois qu'il a le pognon y peut partager avec son patron. Ça donne que l'épicier qui pouvait pas donner beaucoup, d'un seul coup y peut arroser à plusieurs endroits & filer des tonnes de plus. Ça fait des piges qu'y se sont mis à faire ce genre de bidouilles, mais personne ne mouftait. C'est toujours comme ça avec le bouquin, y a ceux qui l'écrivent & ceux qui font attention à ce qu'y a dedans. Le bémol sur ce système, c'est que quand ceux qui grattent le papier ajoutent du texte les visant... y a souvent des trous pour qu'y passent à travers sans trop se mouiller. « On peut pas dire que je triche puisque j'ai fait ce que j'ai dit que je pouvais faire ».
Ce qui est drôle, c'est que c'est avec Lilly & la façon dont elle claque son fric que l'histoire est sortie. Pour ce coup-ci les journaleux y tirent juste, & tellement bien que les chefs de bandes y mouftent pas trop. Quand un boss ferme sa gueule c'est qu'y sent le coup venir & y se fait tout petit pour que ce soit le voisin qui morfle.
Maintenant, entre nous, je parie que ça va se terminer en pet de lapin & on en recausera, peut-être, après la prochaine urne. En tout cas on peut pas dire que Lilly elle fait pas des dommages collatéraux comme y racontent dans le poste.
Comme vous avez pu le lire, y a du monde sur scène & les petits rôles y cherchent à causer plus. Voyons un peu Pascal, dit Bébé, le laquais de Lilly. Vous savez, celui qu'a mis de côté tout ce qui se disait chez Lilly.
Des gars comme lui on en a déjà vu, y a un de ses collègues qu'avait fait fort en accouchant de toutes les histoires d'une autre Lilly, la d'Albion. En attendant, Bébé il a refilé au caneton ses notes & dedans y paraît qu'y a de quoi envoyer du monde au ballon. Le souci c'est que c'est un peu brouillon & quand on mélange les brèmes on a n'importe quoi. Les diseuses de bonne aventure ont l'habitude, c'est avec le souk qu'elles peuvent lire ; les plumistes de service y se font à ce nouveau boulot. Sauf que eux c'est le contraire, y sont pas là pour dire l'avenir, on les casque pour causer du passé. Et si l'avenir on peut le corriger, le passé c'est du figé ; la seule chose certaine avec les notes : c'est le bordel.
Bébé, il avait trimé pour Lilly pendant des lustres. Si elle l'avait gardé c'est qu'il était bon, ou en-tout-cas ni mauvais ni nul. Lilly elle était tellement contente de lui qu'elle lui a refilé un pacson en cadeau d'adieu. Elle sait donner la matrone, avec l'équipe qu'elle a pour récolter, elle peut semer à l'œil chez le voisin.
Son idée à Bébé c'était de passer de loufiat à proprio d'une gargote. De plus être le larbin, mais le ponte. C'est vrai que c'est chouette d'avoir un resto. Tu fais les Chateaubriand comme tu les aimes, t'as une cave pleine de pichetegorne de première & pour le coup cette fois-ci ceux qu'en profitent, y raquent. Ça change.
Le seul souci c'est que Bébé il avait l'usage de s'occuper des généraux, pas des brigadiers, & pour que les gros y viennent chez toi y te faut de l'apparat ; que ça soit plaqué jaune dans tous les coins, que les croupes se posent sur du mou & que t'aies du monde à leur botte. Entre celui qui ouvre la porte, celle qui met les visons de côté, celui qui verse pinard, celles qu'amènent les gamelles pleines & celles qui les emballent quand elles sont vides, t'as du peuple à banquer. En plus faut qu'y soient sapés comme des milords qui vont à Garnier un soir de première & que tes filles aient des avantages qui font envie quand elles se baissent pour servir.
Tout ça coûte un max & si la vioque lui a filé un joli trousseau, c'était pas assez pour lui. Alors y se fend de tout ses souvenirs. Avec les heures de causeries qu'il a mises de côté, les gazettes ont de quoi se remplir la une pendant des mois. Et y sont contents les gratte-papiers, ils ont des trucs qu'y a qu'à recopier. Les porteurs de robe se frottent aussi les mains : tous les clients sont coincés & suivant comment on range le paquet, y sont abeilles ou y sont guêpes. Y a du chiffre en perspective.
Le valet se casse donc avec un pactole & balance tout le monde. Il est pépère puisqu'il a bavé tout ce qu'il savait & si ça part dans le fossé il a déjà tout déballé ; les képis ont pas plus à récupérer. Il est quand même pas tranquille comme Baptiste puisqu'y dit plus rien à personne, c'est son blanchisseur qui cause pour lui. Y l'a ouverte & maintenant y la ferme. On sait pas où y s'est carré, en tout cas y s'est enterré loin pour pas avoir de remontée de bretelles par la vioque & sa clique.
Avec son tas de souvenirs, en tout cas, ça fait du bruit dans Landerneau. Les pros du laïus se frottent les mains.
On en avait causé rapidement avant ; Riri pointe son nez. Le gus était tranquille dans son coin jusque-là. C'est lui qui compte l'oseille pour la bande à Nico et, comme il est pas nul là-dedans, Nico lui demande de faire pareil pour le pays. Tout le pays !
Les deux trucs qu'y récupère c'est : 'tit-un, de flinguer ceux qui trichent, 'tit-deux de réussir à aller plus vite en rentrant de la toile sur la barque. Le premier, c'est qu'y a pas beaucoup qui en pince pour lui quand leur recette c'est de toucher le gros lot sans partager, le deuxième c'est que c'est kif-kif avec ceux dont le boulot est justement de récupérer ce pécule ; ceux-là moins y sont nombreux plus ils ont d'affaires & le turbin c'est pas trop leur chose.
C'est sûr qu'un gars comme Riri, il a les flingues de toutes les bandes dans le dos. Y'a ceux qui veulent sa peau & y'en a qui prient que ce soit lui qui continue de ramasser les gnons. Pendant ce temps-là y peuvent pioncer tranquilles.
La partie de billard à trois bandes commence histoire de relancer les unes des feuilles de chou. Les gars du ministre y font ce que les lois disent de faire : on peut pas te pomper plus que ce que t'encaisses. Alors les flingues de Riri y sont bien obligés de douiller ceux qui se sont trop fait braquer. Et avec Lilly le tas de Napoléons à rembourser il est pas maigre : trente patates ! De quoi faire tricoter quelques milliers de zigotos qui se tournent les pouces. Faut savoir que plus on te file d'artiche plus t'en claques & plus t'en claques plus tu fais trimer. Mais ça personne le dit.
La Lilly se fait donc aligner. Par sa fille parce qu'elle a filé de la fraîche à un pote & par les torchons parce qu'elle en a touché trop ! Faudrait savoir quand même, si on râle quand ça sort & on gueule quand ça rentre y'a plus de raison d'astiquer.
Tout ça c'est gentil, la famille & ses potes sont à couteaux tirés & le Riri pointe son nez. Le problème qu'il a le comptable c'est qu'il connaît pas mal de monde dans l'histoire. Y a quelque temps il a filé des galons à Pousse Bouton.
Avouez que planter du rose sur un gars qui se dit artiste ça fait bizarre. Faut pas oublier que cet or là, le corse de nos grands-pères il l'avait surtout inventé pour ses biffins qu'avaient fait fort dans les bastons. Comme on a plus beaucoup de castagnes ces derniers temps, les politicards en filent à un peu tout & n'importe qui. Le seul truc qu'il a pour lui Pousse Bouton, c'est qu'avec son boulot y mitraille, c'est vrai. Mais à chaque fois qu'il appuie sur la gâchette, y fait des souvenirs.
Si seulement il avait que foutu du rose sur le costard de l'artiste ça irait, mais Riri il a sa gonzesse qui galope à côté de Pousse Bouton qui lui-même bûche pour Lilly. Alors évidemment on écrit que si le photographe a eu le bout de tissu c'est parce que c'est un pote à Riri. Faut pas déconner les journaleux, tout le monde connaît tout le monde & quand tu changes d'écuries toutes les trois ou quatre piges tu finis par avoir été de mèche avec qui tu veux. Rien que moi je parie que je touche Nico avec trois bandes. Faut dire qu'il connaît tellement de monde que celui qui y arrive pas est tellement rare qu'y va être invité chez Nico à la prochaine fêt'nat & c'est foutu pour lui puisqu'il a eu la pogne serrée par le taulier-chef.
Le curieux de service va enfin recevoir les gonzesses, le photographe & leurs gars habillés de noir. Avec le pognon qu'ils stockent, ils ont tous pris des pros du laïus, ceux que tu payes pas à la ligne, mais à la lettre ; & ils sont bavards ces blanchisseurs. C'est vrai que quand plus tu causes plus tu touches, t'es pas prêt de la fermer.
On sort des études sur la calebasse de Lilly & personne n'est d'accord, surtout les blouses blanches. Chacun va défendre tant son client que faire de la réclame pour sa boutique. Ça flingue dans tous les sens & on a deux bastons : Francine vs Lilly pour sénilité aggravée & Pousse-Bouton vs Francine pour bourrage de mou.
Ça dure quelques mois & un caneton, un qu'a pas les moyens de payer du papier, se lance dans la danse, histoire de casser la conspiration du silence qui lui est offerte. Faut dire qu'il démarre tout seul, alors les bandes du trottoir de droite ou de gauche ne mouftent pas. On cause de ses amis ou de ses ennemis histoire de montrer qui c'est qu'on est ; par contre, les torchons on s'en sert que pour emballer le poisson.
En parlant de poisson, celui qu'il a dégoté le caneton, il est pas triste. Y a un larbin de chez Lilly qu'a eu l'idée de mettre de côté tout ce qui se disait dans le burlingue. Y est pas allé avec le dos de la cuillère le laquais. Comme la daronne, avec le trésor qu'elle a, se cogne sans cesse des conciliabules avec ses sbires & toute la haute on peut pas dire qu'il refile de la daube. Faut avouer que le caneton a mis la main sur un paquet de trucs. Et des trucs qui devraient pas exister. Quand on a droit à de l'interdit on se bâfre même quand on a plus les crocs.
Pour les gros c'est que c'est calmos sur les trottoirs de Paname. Nico, le grand patron, se fait tirer dessus par tout le monde. La bande de footeux est incinérée parce qu'elle s'est fait braquer par une bande de gamins dans les colonies. Ça commence à lasser. Y savent plus quoi écrire ; les marronniers sont pas encore verts & la tartine se fait rare. Alors y a un gros qui reprend l'affaire, puis un deuxième & ils y passent tous. En plus on arrive à la grand-messe pour savoir si Francine a raison & si Lilly a perdu les boulons. C'est vrai que ça date d'y a un bail, mais faire avancer un truc dans des bureaux c'est comme grimper le Tourmalet quand on est cul-de-jatte.
Personne n'est d'accord avec les décisions du gerbe & on relance la machine pour une deuxième tournée. C'est ça qui est bien avec cette chanson, les délais techniques font que tu as le droit à des coupures entre les épisodes d'une des histoires. On te raconte autre chose, tu perds des bouts... Et y reviennent avec des « rebondissements » qu'y disent.
En attendant le caneton, revenons-y, lâche des trucs. D'abord y a une duchesse qui bosse pour Lilly & dont le galant, Ricky, est ministre, ensuite la Lilly aurait arrosé les bandes pour se couvrir & pioncer peinard. Arroser elle le peut la daronne, avec tout ce qu'elle a dans les fouilles, elle est pas prête de toucher la couture au fond.
L'histoire avance & plus ça va plus y a de monde sur le ring. Y en a tellement qu'on se retrouve avec plusieurs arbitres & plus de matchs que de porteurs de sifflet. Je vais essayer de vous conter ça dans l'ordre, mais faire du rangement avec un tel bordel c'est long, c'est comme faire Vincennes / Saint-Cloud à six heures le soir.
En fait y faudrait que je vous fasse un dessin parce que tout le monde a pompé de l'auber sur le dos de Lilly & y sont tous jaloux de pas avoir eu plus. Entre nous, je crois qu'avec tout ce que lâche le caneton, ils râlent de pas avoir palpé autant que le voisin.
Imagine que l'encre raconte que ton collègue & toi avez touché dix sous. En vrai t'as palpé que cinq, mais y disent que l'autre a ramassé dix, alors t'es jalouse comme une miss Veusoul qui découvre qu'à la capitale les jolies croupes ça court les palaces. C'est le bordel dans la haute.
Un papy fait péter la banque avec de la came pour greluches. Sa gamine Lilly se maque avec le général qu'a réussi à prendre le trottoir d'en face puis tout le quartier. Y font une partie de gambettes qui leur fourgue une descendance aux cheveux longs. La matrone veut pas servir d'engrais & sa petite veut manger le blé avant la retraite.
La tocante roule & l'essai de Francine part franchement en eau de boudin. Les journaleux trouvent d'autres chiens écrasés & le quartier se calme.
Y a quelques années maintenant, la fifille cherchait à coincer sa daronne pour pouvoir mettre la main sur le paquet avant qu'elle claque (la vieille d'abord de préférence). Avoir des tonnes de fromage sous le nez & pas pouvoir y toucher, ça vous donne faim, même après un bon gueuleton.
Faut avouer que la vioque avait filé un paquet de fraîche à Francis, un copain de feu son canard. Qu'est-ce que je dis un paquet, une brouette, un camion de talbins. Et puis pas que du papier, des toiles, des chandeliers, des soupières... un vrai déménagement pour refaire Chenonceau du sol au plafond.
Alors, vous avez beau être seule sur la liste d'attente, ça vous les hache de savoir que le pote des parents se charge les fouilles & vous, vous poireautez que la vieille elle canne. Pourquoi pas la refiler à l'hospice la greluche ? C'est vrai quoi, elle a plus le tambour qui raisonne, l'ancêtre. Elle fourgue une partie du pactole à un gus qu'est pas de la maison !
Francine va donc voir un bavard pour monter une histoire & coincer la vieille. Le seul truc qu'elle avait oublié la Francine, c'est que, la mémé, elle a toujours la perruque sur les endosses. On la lui fait pas comme ça. Et la gamine, elle, elle s'est vautrée comme une débutante. Ça a causé dans les chaumières & on a dit dans les papiers que plus t'as de pognon moins t'as de potes, mais ça on le savait : qui va dégraisser quelqu'un qu'a les fouilles vides ?
Vous, si vous étiez le porteur de robe, vous auriez dit quoi ? Hein ? Une chieuse vient vous réveiller parce qu'elle trouve que sa matrone sait plus à qui y faut faire des chèques. On demande à rencontrer la malade & là on reste le cul par terre. Elle a toute sa tête la vioque. C'est vrai que maintenant elle a les esgourdes un peu étanches, si tu veux qu'elle capte ta jactance vaux mieux que tu gueules leennteemmmeent. Mais bon, c'est pas parce que les autres savent pas vous causer que vous êtes nulle ! Lilly a donc un ciboulot qui tient encore le pavé & si c'était une conne de compétition, elle l'aurait toujours son tas de joncs ? À octante passées ? En plus elle a une équipe de première pour cornaquer le pécule.
Francine se plante au premier épisode que v'là t'y pas que Pousse Bouton lui rentre-dedans. Il est pas content qu'on raconte qu'il a cherché à arnaquer la vieille. Faut dire que quand tu la connais depuis toujours & qu'on dit que t'aurais profité qu'elle avait le trognon moisi pour te refaire, tu l'as mauvaise. Il attaque la fille qu'attaque sa mère & lui. Ça commence à faire des nœuds & faudra bientôt se la jouer Alexandre pour en sortir.